23 oct 2008

Die Kunst der Reise


Je me souviens du soin méticuleux que nous mettions à quitter G. tout petit, le dérangeant ostensiblement des jeux qu’il accomplissait pour se divertir de l’agitation du départ, et le saluant avec solennité et cérémonie sur le pas de la porte de ses grands-parents.

Je me souviens du froncement de sourcils de ma mère dans ces occasions, et de sa préférence affichée que nous eussions plutôt profité d’une sieste de l’enfant pour nous éclipser: je m’y opposais catégoriquement.

Il fut un temps où le remplissage d’une valise ou la vérification des papiers, passeports, cartes et billets d’un voyage étaient autant mis en valeur que le bon gâteau du dernier repas pris ensemble.

Je me souviens d’une fois où, pour un objet oublié, nous revînmes au 28 et fîmes l’erreur de nous montrer à ceux qui, restés avec l’enfant, avaient déjà entamé leur vie propre. Quand nous redémarrâmes la voiture un quart d’heure après, G. pleura à fendre l’âme.

Je me souviens de G., plus grand, sous les arbres de la grille du lycée, réclamant impatiemment de rentrer avant que le car eût tourné le coin de la rue: je refusai tout net.

Je me souviens de G. encore plus grand, debout à mes côtés et déjà presque plus grand que moi, pendant que les deux plus petits couraient sous les arbres pour ramasser des cailloux et des pommes de pin: il avait pleuré au départ du car.

Il fut un temps où j’avais trouvé extrêmement touchante, drôle, tendre et malicieuse cette phrase qu’elle m’écrivit: “Je n’ai pas la moindre envie de mettre quoi que ce soit dans un sac.”

Je me souviens du temps où, quelle que soit la nature de la lenteur rôdant subitement autour d’une valise, rien n’aurait su, après tant de soin et de solennité à s’y préparer tous, faire manquer à quiconque l’heure d’un train, d’un car ou d’un avion.

Laisser un commentaire